Les stratégies d’application des connaissances

Il existe une diversité de stratégies afin de soutenir l’application des connaissances. Le cadre conceptuel proposé par Landry et ses collègues (2001) les organise quatre grands groupes : dissémination; résolution de problème; interactionnistes et co-construction. Étant donné la complexité du processus de production et d’application des connaissances, l’emploi de plusieurs de ces stratégies de façon concomitante, par une même équipe de recherche, s’avère nécessaire (Elissalde et Renaud, 2010; Estabrooks et al., 2008; Graham et al., 2006; Tribble et al., 2008).

Les stratégies de dissémination

Les stratégies de dissémination visent à rendre accessibles et à diffuser les connaissances produites par les équipes de recherche auprès de publics ciblés (Addis, 2002; Johnson, Green, Frankish, MacLean, et Stachenko, 1996; Rogers, 2003). Par exemple, les colloques, les journées d’étude et les conférences-midis sont des activités de dissémination qui offrent l’opportunité d’un contact direct avec un auditoire. Les formes traditionnelles de diffusion des résultats de recherche, telles la production de bulletins synthèses, la publication d’articles et les présentations à des congrès scientifiques, peuvent également être employées afin de disséminer les connaissances produites par l’équipe de recherche. Enfin, le développement de cours académiques, portant sur des thèmes couverts par l’équipe de recherche, est perçu comme une stratégie efficace afin de faire connaître les résultats de recherche et favoriser leur utilisation.

Les stratégies de résolution de problèmes

Les stratégies de résolution de problèmes visent à mieux reconnaître les besoins des milieux de pratique, afin de produire des connaissances en réponse à ces besoins (Dunn, 1983; Landry et al., 2001). Ces activités ont donc pour objectif d’assurer que les connaissances développées par l’équipe de recherche apportent des solutions en réponse aux besoins des partenaires, ou qu’elles leur permettent, au plan conceptuel, de développer une réflexion et une prise de position sur des enjeux importants dans leurs milieux respectifs. À cet effet, la mise en place d’activités de consultation auprès de partenaires permettrait aux chercheurs de mieux comprendre les préoccupations et les réalités du terrain et d’initier des projets de recherche à partir des questions en émergence dans les milieux de pratique. Parallèlement, la mise en place de comités de développement peut également être employée afin de favoriser la participation des partenaires de la recherche et de la pratique dans la définition de la programmation de recherche. Ces comités de développement peuvent prendre plusieurs formes, allant des rencontres mensuelles informelles à la mise sur pied d’instances formelles tel un conseil d’administration.

Les stratégies interactionnistes

Les stratégies de type interactionniste ont pour objectif de soutenir l’application des connaissances en misant sur l’effet des échanges entre l’équipe de chercheurs et les milieux partenaires. On vise ainsi que ces échanges permettent des discussions entre chercheurs et partenaires de la pratique qui augmenteront l’utilité perçue et l’applicabilité des connaissances produites en fonction des contraintes et des caractéristiques des milieux au sein desquels évoluent les partenaires (Landry et al., 2001; Chagnon, Daigle, Gervais, Houle, et Béguet, 2009). Ces activités peuvent prendre la forme de séminaires interactifs, de formations ou encore de groupes de travail qui permettent des échanges soutenus entre les chercheurs et les partenaires.

Les stratégies de co-construction

Les stratégies de co-construction se situent dans la lignée des stratégies interactionnistes. Elles se caractérisent par une forte implication des partenaires de la recherche et de la pratique à toutes les étapes de la recherche, allant du développement de la question, à l’étude, jusqu’à la diffusion des connaissances produites. Les stratégies de co-construction supposent la mise en place de mécanismes permettant l’intégration et la reconnaissance des connaissances propres aux partenaires ainsi qu’un partage équitable du pouvoir décisionnel entre les acteurs (Chagnonet al., 2009; Gabbay et le May, 2004; McWilliam et al., 2009). Ce type de stratégies, misant sur la collaboration étroite des milieux de recherche et des milieux partenaires, permettraient de mettre à profit les connaissances des partenaires et celles des chercheurs tout au long du processus de recherche.